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passé. La fille que je lui avais donnée eu beau être prévenue, dès qu’elle vit ce cadavre ambulant, elle recula d’horreur. “Comment donc, garce, dit-il, je crois que je te dégoûte ? Il faut pourtant que tu me suces, que ta langue lèche absolument toutes les parties de mon corps. Ah ! ne fais pas tant la dégoûtée ! D’autres que toi l’ont bien fait ; allons, allons ; point de façons.”

« On a bien raison de dire que l’argent fait tout faire ; la malheureuse que je lui avais donnée était dans la plus extrême misère, il y avait deux louis à gagner : elle fit tout ce qu’on voulut, et le vieux podagre, enchanté de sentir une langue douce se promener sur son corps hideux et adoucir l’âcreté dont il était dévoré, se branlait voluptueusement pendant l’opération. Quand elle fut faite, et, comme vous le croyez bien, ce ne fut pas sans de terribles dégoûts de la part de cette infortunée, quand elle fut faite, dis-je, il la fit étendre à terre sur le dos, se mit à cheval sur elle, lui chia sur les tétons, et les pressant après, l’un après l’autre, il s’en torcha le derrière. Mais de décharge, je n’en vis point, et je sus, quelque temps après, qu’il lui fallait plusieurs semblables opérations pour en déterminer une ; et comme c’était un homme qui ne revenait guère deux fois dans le même endroit, je ne le revis plus et j’en fus en vérité fort aise. »

« Ma foi, dit le duc, je trouve la clôture de l’opération de cet homme-là très raisonnable, et je n’ai jamais compris que des tétons pussent réellement servir à autre chose qu’à torcher des culs. — Il est certain, dit Curval, qui maniait assez brutalement ceux de la tendre et délicate Aline, il est certain, en vérité, que c’est une chose bien infâme que des tétons. Je n’en vois jamais que ça ne me mette en fureur ; j’éprouve en voyant cela, un certain dégoût, une certaine répugnance… Je ne connais que le con qui m’en fasse éprouver une plus vive. » Et en même temps il se jeta dans son cabinet, en entraînant par le sein Aline, et se faisant suivre de Sophie et de Zelmire, les deux filles de son sérail, et de Fanchon. On ne sait trop ce qu’il y fit, mais on entendit un grand cri de femme, et, peu après, les hurlements de sa décharge. Il rentra ; Aline pleurait et tenait un mouchoir sur son sein, et comme tous ces événements-là ne faisaient jamais sensation, ou tout au plus celle du rire, Duclos reprit incontinent le fil de son histoire :

« J’expédiai moi-même, dit-elle, quelques jours après, un vieux moine dont la manie, plus fatigante pour la main, n’était cependant pas aussi répugnante au cœur. Il me livra un gros vilain fessier dont les peaux étaient comme du parchemin : il fallait lui pétrir le cul, le lui manier, le lui serrer de toutes mes forces, mais, quand j’en fus au trou, rien ne paraissait assez violent pour lui ; il fallait saisir les peaux de cette partie, les frotter, les pincer, les agiter fortement entre mes doigts, et ce n’était qu’à la vigueur de l’opération qu’il répandait son foutre. Du reste, il se branlait lui-même pendant l’opération, et ne me troussa seulement pas. Mais il fallait que cet homme-là eût une fière habitude de cette manipulation, car son derrière,