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leur cas, Durcet eut envie d’en faire autant. Le duc, qui tournaillait dès le matin autour de son derrière, saisit ce moment pour se satisfaire, et ils s’enfermèrent à la chapelle avec la seule Constance que l’on garda pour le service. Le duc se satisfit, et le petit financier lui chia complètement dans la bouche. Ces messieurs ne s’en tinrent pas là, et Constance dit à l’évêque qu’ils avaient fait tous deux ensemble des infamies une demi-heure de suite. Je l’ai dit, ils étaient amis dès l’enfance et n’avaient cessé depuis lors de se rappeler leur plaisir d’écolier. À l’égard de Constance, elle servit à peu de chose dans ce tête-à-tête ; elle torcha des culs, suça et branla quelques vits tout au plus. On passa au salon où, après un peu de conversation entre les quatre amis, on vint leur annoncer le dîner. Il fut splendide et libertin comme à l’ordinaire, et, après quelques attouchements et baisers libertins, plusieurs propos scandaleux qui l’assaisonnèrent, on passa au salon dans lequel on trouva Zéphire et Hyacinthe, Michette et Colombe, pour servir le café. Le duc foutit Michette en cuisses, et Curval Hyacinthe ; Durcet fit chier Colombe et l’évêque le mit en bouche à Zéphire. Curval, se ressouvenant d’une des passions racontées la veille par Duclos, voulut chier dans le con de Colombe ; la vieille Thérèse, qui était du café, la plaça, et Curval agit. Mais comme il faisait des selles prodigieuses et proportionnées à l’immense quantité de vivres dont il se gonflait tous les jours, presque tout culbuta par terre et ce ne fut pour ainsi dire que superficiellement qu’il emmerdifia ce joli petit con vierge, qu’il ne semblait pas que la nature eût destiné sans doute à d’aussi sales plaisirs. L’évêque, délicieusement branlé par Zéphire, perdit son foutre philosophiquement, en joignant au plaisir qu’il sentait celui du délicieux tableau dont on le rendait spectateur. Il était furieux ; il gronda Zéphire, il gronda Curval, il s’en prit à tout le monde. On lui fit avaler un grand verre d’élixir pour réparer ses forces. Michette et Colombe le couchèrent sur un sofa pour sa méridienne, et ne le quittèrent pas. Il se réveilla assez bien rétabli, et pour lui rendre encore mieux ses forces, Colombe le suça un instant : son engin remontra le nez, et l’on passa au salon d’histoire. Il avait ce jour-là Julie sur son canapé ; comme il l’aimait assez, cette vue lui rendit un peu de bonne humeur. Le duc avait Aline, Durcet Constance, et le président sa fille. Tout étant prêt, la belle Duclos s’installa sur son trône et commença ainsi :

« Il est bien faux de dire que l’argent acquis par un crime ne porte pas bonheur. Nul système aussi faux, j’en réponds. Tout prospérait dans ma maison ; jamais la Fournier n’y avait vu tant de pratiques. Ce fut alors qu’il me passa par la tête une idée, un peu cruelle, je l’avoue, mais qui pourtant, j’ose m’en flatter, messieurs, ne vous déplaira pas à un certain point. Il me sembla que quand on n’avait pas fait à quelqu’un le bien que l’on devait lui faire, il y avait une certaine volupté méchante à lui faire du mal, et ma perfide imagination m’inspira cette taquinerie libertine contre ce même Petignon, fils de ma bienfaitrice et auquel j’avais été chargée de compter une