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Toutes les pratiques de la Fournier me restèrent, et j’eus le secret d’en attirer encore de nouvelles, tant par la propreté de mes appartements que par l’excessive soumission de mes filles à tous les caprices des libertins et par le choix heureux de mes sujets.

« Le premier chaland qui m’arriva fut un vieux trésorier de France, ancien ami de la Fournier. Je le donnai à la jeune Lucile dont il parut fort enthousiasmé. Sa manie d’habitude, aussi sale que désagréable pour la fille, consistait à chier sur le visage même de sa dulcinée, à lui barbouiller toute la face avec son étron et puis de la baiser, de la sucer en cet état. Lucile, par amitié pour moi, se laissa faire tout ce que voulut le vieux satyre, et il lui déchargea sur le ventre en baisant et rebaisant son dégoûtant ouvrage.

« Peu après, il en vint un autre qu’Eugénie passa. Il se faisait apporter un tonneau plein de merde, il y plongeait la fille nue et la léchait sur toutes les parties du corps en avalant, jusqu’à ce qu’il l’eût rendue aussi propre qu’il l’avait prise. Celui-là était un fameux avocat, homme riche et très connu et qui, ne possédant pour la jouissance des femmes que les plus minces qualités, y remédiait par ce genre de libertinage qu’il avait aimé toute sa vie.

« Le marquis de …, vieille pratique de la Fournier, vint, peu après sa mort, m’assurer de sa bienveillance. Il m’assura qu’il continuerait de venir chez moi, et pour m’en convaincre, dès le même soir il vit Eugénie. La passion de ce vieux libertin consistait à baiser d’abord prodigieusement la bouche de la fille. Il avalait le plus qu’il pouvait de sa salive, ensuite il lui baisait les fesses un quart d’heure, faisait péter, et enfin demandait la grosse affaire. Dès qu’on avait fini, il gardait l’étron dans sa bouche et, faisant pencher la fille sur lui, qui l’embrassait d’une main et le branlait de l’autre, pendant qu’il goûtait le plaisir de cette masturbation en chatouillant le trou merdeux, il fallait que la demoiselle vînt manger l’étron qu’elle venait de lui déposer dans la bouche. Quoiqu’il payât ce goût-là fort cher, il trouvait fort peu de filles qui voulussent s’y prêter. Voilà pourquoi le marquis vint me faire sa cour ; il était aussi jaloux de conserver ma pratique que je pouvais l’être d’avoir la sienne. »

En cet instant, le duc échauffé dit que, le souper dût-il sonner, il voulait, avant que de se mettre à table, exécuter cette fantaisie-là. Et voici comme il s’y prit : il fit approcher Sophie, reçut son étron dans la bouche, puis obligea Zélamir à venir manger l’étron de Sophie. Cette manie eût pu devenir une jouissance pour tout autre que pour un enfant tel que Zélamir ; pas assez formé pour en sentir tout le délicieux, il n’y vit que du dégoût et voulut faire quelques façons. Mais le duc le menaçant de toute sa colère s’il balançait une seule minute, il exécuta. L’idée fut trouvée si plaisante que chacun l’imita du plus au moins, car Durcet prétendit qu’il fallait partager les faveurs et qu’il n’était pas juste que les petits garçons mangeassent la merde des filles pendant que les filles n’auraient rien pour elles, et, en conséquence, il se fit chier dans la bouche par Zéphire et ordonna à Augustine de venir