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le jeune homme, il me parut aussi sot qu’il était joli, et la du Cange, qui en paraissait un peu férue, avait beau lui lancer de temps à autre de tendres regards, à peine avait-il l’air de s’en douter. Toutes les bienséances se perdirent au dessert et les propos devinrent aussi sales que les actions. D’Erville félicita d’Aucourt de sa nouvelle acquisition et lui demanda si j’avais un beau cul, et si je chiais bien. “Parbleu ! lui dit mon financier, il ne tiendra qu’à toi de le savoir ; tu sais qu’entre nous tous les biens sont communs et que nous nous prêtons aussi volontiers nos maîtresses que nos bourses. — Ah parbleu ! dit d’Erville, j’accepte.” Et me prenant aussitôt par la main, il me proposa de passer dans un cabinet. Comme j’hésitais, la du Cange me dit effrontément : “Allez, allez, mademoiselle, nous ne faisons pas de façons ici ; j’aurai soin de votre amant pendant ce temps-là.” Et d’Aucourt, dont je consultai les yeux, m’ayant fait un signe d’approbation, je suivis le vieux conseiller. C’est lui, messieurs, qui va vous offrir, ainsi que les deux suivants, les trois épisodes du goût que nous traitons et qui doivent composer la meilleure partie de ma narration de cette soirée.

« Dès que je fus enfermée avec d’Erville, très échauffé des fumées de Bacchus, il me baisa sur la bouche avec les plus grands transports et me lança trois ou quatre hoquets de vin d’Aï qui pensèrent me faire rejeter par la bouche ce qu’il me parut bientôt avoir grande envie de voir sortir d’ailleurs. Il me troussa, examina mon derrière avec toute la lubricité d’un libertin consommé, puis me dit qu’il ne s’étonnait pas du choix de d’Aucourt, car j’avais un des plus beaux culs de Paris. Il me pria de débuter par quelques pets, et quand il en eut reçu une demi-douzaine, il se remit à me baiser la bouche, en me maniant et ouvrant fortement les fesses. “L’envie vient-elle ? me dit-il. — Elle est toute venue, lui dis-je. — Eh bien, bel enfant, me dit-il, chiez dans cette assiette.” Et il en avait, à cet effet ; apporté une de porcelaine blanche, qu’il tint pendant que je poussais et qu’il examinait scrupuleusement l’étron sortir de mon derrière, spectacle délicieux qui l’enivrait, disait-il, de plaisir. Dès que j’eus fait, il reprit l’assiette, respira délicieusement les mets voluptueux qu’elle contenait, mania, baisa, flaira l’étron, puis, me disant qu’il n’en pouvait plus et que la lubricité l’enivrait à la vue d’un étron plus délicieux qu’aucun de ceux qu’il eût jamais vus de sa vie, il me pria de lui sucer le vit. Quoique cette opération n’eût rien de trop agréable, la crainte de fâcher d’Aucourt en manquant à son ami me fit tout accepter. Il se plaça dans un fauteuil, l’assiette appuyée sur une table voisine sur laquelle il se coucha à mi-corps, le nez sur la merde ; il étendit ses jambes, je me plaçai sur un siège plus bas, près de lui, et ayant tiré de sa braguette un soupçon de vit très mollasse au lieu d’un membre réel, je me mis, malgré ma répugnance, à suçoter cette belle relique, espérant qu’elle prendrait au moins un peu de consistance dans ma bouche : je me trompais. Dès que je l’eus recueillie, le libertin commença son opération ; il dévora plutôt qu’il ne mangea le joli petit œuf tout frais que je venais de lui faire : ce fut l’affaire de trois minutes, pendant lesquelles ses extensions, ses