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vous de chier peu à peu et d’attendre toujours que j’aie dévoré un morceau avant de pousser l’autre. Mon opération est longue, mais ne la pressez pas. Un petit coup sur les fesses vous avertira de pousser, mais que ce soit toujours en détail.” S’étant alors placé le plus à l’aise possible relativement à l’objet de son culte, il colle sa bouche, et je lui dépose presque tout de suite un morceau d’étron gros comme un petit œuf. Il le suce, il le tourne et retourne mille fois dans sa bouche, il le mâche, il le savoure, et, au bout de deux ou trois minutes, je le lui vois distinctement avaler. Je repousse : même cérémonie, et comme mon envie était prodigieuse, dix fois de suite sa bouche se remplit et se vide sans qu’il ait jamais l’air d’être rassasié. “C’est fait, monsieur, lui dis-je à la fin ; je pousserais en vain maintenant. — Oui, dit-il, ma petite, c’est-il fait ? Allons, il faut donc que je décharge, oui, que je décharge en torchant ce beau cul. Oh, sacredieu ! que tu me donnes de plaisir ! Je n’ai jamais mangé de merde plus délicieuse, je le certifierai à toute la terre. Donne, donne, mon ange, donne ce beau cul que je le suce, que je le dévore encore.” Et en y enfonçant un pied de langue et se manualisant lui-même, le libertin répand son foutre sur mes jambes, non sans une multitude de paroles sales et de jurements, nécessaires, à ce qu’il me parut, à compléter son extase. Quand il eut fait, il s’assit, me fit mettre auprès de lui et, me regardant avec intérêt, il me demanda si je n’étais point lasse de la vie de bordel et si j’aurais quelque plaisir à trouver quelqu’un qui consentît à m’en retirer. Le voyant pris, je fis la difficile, et pour vous éviter un détail qui n’aurait rien d’intéressant pour vous, après une heure de débat, je me laissai persuader, et il fut décidé que j’irais dès le lendemain vivre chez lui à raison de vingt louis par mois et nourrie ; que, comme il était veuf, je pourrais sans inconvénient occuper un entresol de son hôtel ; que là, j’aurais une fille pour me servir et la société de trois de ses amis et de leurs maîtresses, avec lesquels il se réunissait pour des soupers libertins quatre fois de la semaine, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre ; que mon unique occupation serait de beaucoup manger, et toujours ce qu’il me ferait servir, parce que faisant ce qu’il faisait, il était essentiel qu’il me fît nourrir à sa mode, de bien manger, dis-je, de bien dormir pour que les digestions fussent faciles, de me purger régulièrement tous les mois, et de lui chier deux fois par jour dans la bouche ; que ce nombre ne devait pas m’effrayer parce qu’en me gonflant de nourriture comme il allait faire, j’aurais peut-être plutôt besoin d’y aller trois que deux. Le financier, pour premier gage du marché, me remit un très joli diamant, m’embrassa, me dit de prendre tous mes arrangements avec la Fournier et de me tenir prête le lendemain matin, époque où il me viendrait chercher lui-même. Mes adieux furent bientôt faits ; mon cœur ne regrettait rien, car il ignorait l’art de s’attacher, mais mes plaisirs regrettaient Eugénie, avec laquelle j’avais depuis six mois des liaisons très intimes, et je partis. D’Aucourt me reçut à merveille et m’établit lui-même dans le très joli appartement qui devait faire mon habitation ; et je fus bientôt parfaitement établie. J’étais condamnée à faire quatre repas,