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d’abord qu’il ne fait qu’observer la situation ; il en paraît surpris ; peu à peu il s’y apprivoise, sa langue approche, elle en détache des morceaux, ses sens s’enflamment, son vit dresse, le nez, la bouche, la langue, tout semble travailler à la fois, son extase paraît si délicieuse qu’à peine lui reste-t-il le pouvoir de parler ; le foutre monte à la fin : il saisit son vit, le branle et achève en déchargeant de nettoyer si complètement cet anus, qu’il ne semblait seulement plus qu’il eût pu être sale un instant. Mais le libertin n’en restait pas là, et cette voluptueuse manie n’était pour lui qu’un préliminaire. Il se relève, baise encore la petite fille, lui expose un gros vilain cul sale qu’il lui ordonne de secouer et de socratiser ; l’opération le fait rebander, il se rempare du cul de ma compagne, l’accable de nouveaux baisers, et comme ce qu’il fit après n’est ni de mon ressort, ni placé dans ces narrations préliminaires, vous trouverez bon que je remette à Mme Martaine à vous parler des déportements d’un scélérat qu’elle n’a que trop connu et que, pour éviter même toutes questions de votre part, messieurs, auxquelles il ne me serait pas permis, par vos lois mêmes, de satisfaire, je passe à un autre détail. »

« Qu’un mot, Duclos, dit le duc. Je parlerai à mots couverts : ainsi tes réponses n’enfreindront point nos lois. Le moine l’avait-il gros et était-ce la première fois qu’Eugénie… — Oui, monseigneur, c’était la première fois, et le moine l’avait presque aussi gros que vous. — Ah, foutre ! dit Durcet, la bonne scène, et comme j’aurais voulu voir cela ! »

« Peut-être eussiez-vous eu la même curiosité, dit Duclos en se reprenant, pour le personnage qui me passa quelques jours après par les mains. Munie d’un vase contenant huit ou dix étrons pris de toute part et dont il eût été bien fâché de connaître les auteurs, il fallait que, de mes mains, je le frottasse tout entier de cette pommade odoriférante. Rien ne fut épargné, pas même le visage, et quand j’en fus au vit que je branlais en même temps, l’infâme cochon, qui se regardait ainsi avec complaisance devant une glace, me laissa dans la main les preuves de sa triste virilité.

« Enfin nous y voilà, messieurs, enfin l’hommage va se rendre au véritable temple. On m’avait fait dire de me tenir prête ; je me réservais depuis des jours. C’était un commandeur de Malte qui, pour pareille opération, voyait tous les matins une fille nouvelle ; c’était chez lui que se passait la scène. “Les belles fesses, me dit-il en embrassant mon derrière ; mais mon enfant, continua-t-il, ce n’est pas tout que d’avoir un beau cul, il faut encore que ce beau cul-là chie. En avez-vous envie ? — À tel point que je m’en meurs, monsieur, lui répondis-je. — Ah, parbleu ! c’est délicieux, dit le commandeur ; c’est ce qu’on appelle servir son monde à souhait ; mais voudrez-vous bien chier, ma petite, dans le pot de chambre que je vais vous présenter ? — Ma foi, monsieur, lui répondis-je, je chierais partout, de l’envie que j’en ai, et même dans votre bouche… — Ah ! dans ma bouche ! elle est