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(XV)

Onzième journée

On se leva fort tard, et supprimant absolument pour ce jour-là toutes les cérémonies d’usage, on se mit à table en sortant du lit. Le café, servi par Giton, Hyacinthe, Augustine et Fanny, fut assez tranquille. Cependant Durcet voulut absolument faire péter Augustine, et le duc le mettre en bouche à Fanny. Or, comme du désir à l’effet il n’y avait jamais qu’un pas avec de telles têtes, on se satisfit. Heureusement qu’Augustine était préparée ; elle en fit près d’une douzaine dans la bouche du petit financier, qui faillirent presque le faire bander. Pour Curval et l’évêque, ils s’en tinrent à manier les fesses des deux petits garçons, et on passa au salon d’histoire.

« “Regarde donc, me dit un jour la petite Eugénie, qui commençait à se familiariser avec nous, et que six mois de bordel n’avaient rendue que plus jolie, regarde, Duclos, me dit-elle en se troussant, comme Mme Fournier veut que j’aie le cul toute la journée.” Et en disant cela, elle me fit voir un placard de merde d’un pouce d’épaisseur, dont son joli petit trou de cul était entièrement couvert. — Et que veut-elle que tu fasses de cela ? lui dis-je. — C’est pour un vieux monsieur qui vient ce soir, dit-elle, et qui veut me trouver de la merde au cul. — Eh bien, dis-je, il sera content, car il est impossible d’en avoir davantage.” Et elle me dit qu’après avoir chié, la Fournier l’avait ainsi barbouillée à dessein. Curieuse de voir cette scène, dès qu’on appela cette jolie petite créature, je volai au trou. C’était un moine, mais un de ceux qu’on appelle des gros bonnets ; il était de l’ordre des Cîteaux, gros, grand, vigoureux et approchant de la soixantaine. Il caresse l’enfant, la baise sur la bouche, et lui ayant demandé si elle est bien propre, il la trousse pour vérifier lui-même un état constant de netteté qu’Eugénie lui assurait, quoiqu’elle sût bien le contraire, mais on lui avait dit de parler ainsi. “Comment, petite coquine ! lui dit le moine en voyant l’état des choses ; comment, vous osez me dire que vous êtes propre avec un cul de cette saleté-là ? Il faut qu’il y ait plus de quinze jours que vous n’ayez torché votre cul. Voyez un peu la peine que ça me donne ; car enfin, je veux le voir propre, et il faudra donc d’après cela que ce soit moi qui en prenne le soin”. Et en disant cela, il avait appuyé la jeune fille contre un lit et s’était placé à genoux, en bas des fesses, en les écartant de ses deux mains. On dirait