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“Allons, dit le financier, mets-toi nue.” Et pendant ce temps-là il défait aussi ses culottes et met à l’air un membre noir et ridé qui ne promettait pas de grossir de longtemps. Cependant la vieille est nue et vient effrontément offrir à son amant un vieux corps jaune et ridé, sec, pendant et décharné, dont la description, à quelque point que soient vos fantaisies sur cela, vous ferait trop d’horreur pour que je veuille l’entreprendre. Mais loin d’en être dégoûté, notre libertin s’extasie ; il la saisit, l’attire à lui sur le fauteuil où il se manualisait en attendant qu’elle se déshabillât, lui darde encore une fois sa langue dans la bouche, et la retournant il offre à l’instant son hommage au revers de la médaille. Je le vis distinctement manier les fesses, mais que dis-je les fesses ? les deux torchons ridés qui de ses hanches tombaient en ondulations sur ses cuisses. Telles qu’elles étaient enfin, il les ouvrit, colla voluptueusement ses lèvres sur le cloaque infâme qu’elles renfermaient, y enfonça sa langue à plusieurs reprises différentes, et tout cela pendant que la vieille tâchait de donner un peu de consistance au membre mort qu’elle secouait. “Venons au fait, dit le céladon, sans mon épisode de choix, tous tes efforts seraient inutiles. On t’a prévenue ? — Oui, monsieur, — Et tu sais bien qu’il faut avaler ? — Oui, mon toutou, oui, mon poulet, j’avalerai, je dévorerai tout ce que tu feras.” Et en même temps le libertin la campe sur le lit la tête en bas ; en cette posture il lui met son engin molasse dans le bec, l’enfonce jusqu’aux couillons, revient prendre les deux jambes de sa jouissance, se les campe sur les épaules, et par ce moyen son grouin se trouve absolument niché entre les fesses de la duègne. Sa langue se replace au fond de ce trou délicieux ; l’abeille allant pomper le nectar de la rose ne suce pas plus voluptueusement. Cependant la vieille suce, notre homme s’agite.

« Ah, foutre ! s’écrie-t-il au bout d’un quart d’heure de cet exercice libidineux, suce, suce, bougresse, suce et avale, il coule, double dieu ! il coule, ne le sens-tu pas ? » Et baisant pour le coup tout ce qui s’offre à lui, cuisses, vagin, fesses, anus, tout est léché, tout est sucé. La vieille avale, et le pauvre caduc, qui se retire aussi mol qu’il est entré et qui vraisemblablement a déchargé sans érection, se sauve tout honteux de son égarement et gagne le plus promptement qu’il peut la porte, afin de s’éviter de voir de sens froid l’objet hideux qui vient de le séduire. »

« Et la vieille ? dit le duc. »

« La vieille toussa, cracha, se moucha, se vêtit le plus tôt qu’elle pût et partit.

« À quelques jours de là, cette même compagne qui m’avait procuré le plaisir de cette scène eut son tour. C’était une fille d’environ seize ans, blonde et de la physionomie du monde la plus intéressante ; je ne manquai pas d’aller la voir en besogne. L’homme à qui l’on l’assemblait était pour le moins aussi vieux que le payeur des rentes. Il la fit mettre à genoux entre ses