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réunir aux mânes de sa mère, de sa sœur et de toutes ses autres victimes, et cela pour épouser une fille assez riche, mais publiquement déshonorée et qu’il savait très bien être la maîtresse de son frère. C’était la mère d’Aline, l’une des actrices de notre roman et dont il a été question plus haut. Cette seconde épouse, bientôt sacrifiée comme la première, fit place à une troisième, qui le fut bientôt comme la seconde. On disait dans le monde que c’était l’immensité de sa construction qui tuait ainsi toutes ses femmes, et comme ce gigantesque était exact dans tous les points, le duc laissait germer une opinion qui voilait la vérité. Ce colosse effrayant donnait en effet l’idée d’Hercule ou d’un centaure : le duc avait cinq pieds onze pouces, des membres d’une force et d’une énergie, des articulations d’une vigueur, des nerfs d’une élasticité… Joignez à cela une figure mâle et fière, de très grands yeux noirs, de beaux sourcils bruns, le nez aquilin, de belles dents, l’air de la santé et de la fraîcheur, des épaules larges, une carrure épaisse quoique parfaitement coupée, les hanches belles, les fesses superbes, la plus belle jambe du monde, un tempérament de fer, une force de cheval, et le membre d’un véritable mulet, étonnamment velu, doué de la faculté de perdre son sperme aussi souvent qu’il le voulait dans un jour, même à l’âge de cinquante ans qu’il avait alors, une érection presque continuelle dans ce membre dont la taille était de huit pouces juste de pourtour sur douze de long, et vous aurez le portrait du duc de Blangis comme si vous l’eussiez dessiné vous-même. Mais si ce chef-d’œuvre de la nature était violent dans ses désirs, que devenait-il, grand dieu ! quand l’ivresse de la volupté le couronnait. Ce n’était plus un homme, c’était un tigre en fureur. Malheur à qui servait alors ses passions : des cris épouvantables, des blasphèmes atroces s’élançaient de sa poitrine gonflée, des flammes semblaient alors sortir de ses yeux, il écumait, il hennissait, on l’eût pris pour le dieu même de la lubricité. Quelle que fût sa manière de jouir alors, ses mains nécessairement s’égaraient toujours, et l’on l’a vu plus d’une fois étrangler tout net une femme à l’instant de sa perfide décharge. Revenu de là, l’insouciance la plus entière sur les infamies qu’il venait de se permettre prenait aussitôt la place de son égarement, et de cette indifférence, de cette espèce d’apathie, naissaient presque aussitôt de nouvelles étincelles de volupté. Le duc, dans sa jeunesse, avait déchargé jusqu’à dix-huit fois dans un jour et sans qu’on le vît plus épuisé à la dernière perte qu’à la première. Sept ou huit dans le même intervalle ne l’effrayaient point encore, malgré son demi-siècle. Depuis près de vingt-cinq ans, il s’était habitué à la sodomie passive, et il en soutenait les attaques avec la même vigueur qu’il les rendait activement, l’instant d’après, lui-même, quand il lui plaisait de changer de rôle. Il avait soutenu dans une gageure jusqu’à cinquante-cinq assauts dans un jour. Doué comme nous l’avons dit d’une force prodigieuse, une seule main lui suffisait pour violer une fille ; il l’avait prouvé plusieurs fois. Il paria un jour d’étouffer un cheval entre ses jambes, et l’animal creva à l’instant qu’il avait indiqué. Ses excès de table l’emportaient encore, s’il est