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geste, un coup d’œil, souvent un simple sentiment interne de notre part vous le signifiera, et vous serez aussi punies de ne les avoir pas deviné ou prévenu que si après vous avoir été notifiées, il eut éprouvé une désobéissance de votre part, c’est à vous de démêler nos mouvements, nos regards, nos gestes, d’en démêler l’expression et surtout de ne pas vous tromper à nos désirs ; car je suppose par exemple que ce désir fût de voir une partie de votre corps et que vous vinssiez maladroitement à offrir l’autre, vous sentez à quel point une telle méprise dérangerait notre imagination. Et tout ce qu’on risque à refroidir la tête d’un libertin qui — je le suppose — n’attendrait qu’un cul pour sa décharge et auquel on viendrait imbécilement présenter un con. En général offrez-vous toujours très peu par devant, souvenez-vous que cette partie infecte que la nature ne forma qu’en déraisonnant, est toujours celle qui nous répugne le plus. Et relativement à vos culs mêmes, il y a encore des précautions à garder, tant pour dissimuler en l’offrant l’antre odieux qui l’accompagne, que pour éviter de nous faire voir dans de certains moments, le cul dans un certain état où d’autres gens désireraient de le trouver toujours, vous devez m’entendre, et vous recevrez d’ailleurs de la part des quatre duègnes des instructions ultérieures qui achèveront de vous expliquer tout. En un mot, frémissez, devinez, obéissez, prévenez, et avec cela si vous n’êtes pas au moins très fortunées, peut-être ne serez-vous pas tout à fait malheureuses. D’ailleurs point d’intrigue entre vous, nulle liaison, point de cette imbécile amitié de filles qui en amollit d’un côté le cœur, le rend de l’autre et plus revêche et moins disposé à la seule