description suivante va faire voir combien, cette porte bien close, il devenait difficile de pouvoir parvenir à Silliny, nom du château de Durcet ; dès qu’on avait passé la charbonnerie, on commençait à escalader une montagne presqu’aussi haute que le Mont St. Bernard, et d’un abord infiniment plus difficile, car il n’est possible de parvenir au sommet qu’à pied. Ce n’est pas que les mulets n’y aillent, mais les précipites environnent de toutes parts si tellement le sentier qu’il faut suivre qu’il y a le plus grand danger à s’exposer sur eux. Six de ceux qui transportèrent les vivres et les équipages périrent ainsi que 2 ouvriers qui avaient voulu monter deux d’entre eux. Il faut près de cinq grosses heures pour parvenir à la cime de la montagne, laquelle offre là une autre espèce de singularité qui par les précautions que l’on prit, devint une nouvelle barrière tellement insurmontable qu’il n’y avait plus que les oiseaux qui pussent la franchir. Ce caprice singulier de la nature est une fente de plus de trente toises sur le cime de la montagne entre sa partie septentrionale et sa partie méridionale, de façon que sans les secours de l’art, après avoir grimpé la montagne il devient impossible de la redescendre. Durcet a fait réunir ces deux parties qui laissent entre elles une précipite de plus de mille pieds de profondeur, par un très beau pont de bois que l’on abatit dès que les derniers équipages furent arrivés et de ce moment-là, plus aucune possibilité quelconque de communiquer au château de Silliny. Car en redescendant la partie septentrionale on arrive dans une petite plaine d’environ quatre arpents, laquelle est entourée de partout de rochers à pics dont les sommets
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