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que Durcet qui avait pris les devants recevait, logeait et établissait à mesure. Mais il est temps de faire ici au lecteur une description du fameux temple destiné a tant de sacrifices luxurieux pendant les quatre mois projetés, il y verra avec quel soin on avait choisi une retraite écartée et solitaire comme si le silence, l’éloignement et la tranquillité était le véhicule puissant du libertinage et comme si tout ce qui imprime par ces qualités-là une terreur religieuse aux sens dut46) évidemment prêter à la luxure47) un attrait de plus. Nous allons peindre cette retraite non comme elle était autrefois, mais dans l’état et d’embellissement, et de solitude encore plus parfaite où les quatre amis l’avaient mise.

Il fallait pour y parvenir arriver d’abord à Basle, on y passait certain [lieu], au de là duquel, la route se rétrécissait au point qu’il fallait quitter les voitures peu après. On entrait dans la forêt noire, on s’y enfonçait d’environs 15 lieues par une route difficile et tortueuse, et absolument inpraticable sans guide. Un méchant hameau de charbonnière et de garde bois s’offrait. Environ en cette hauteur-là commence le territoire de la terre de Durcet et le hameau lui appartient, comme les habitants de ce petit village sont presque tous voleurs ou contrebandiers, il fut aisé à Durcet de s’en faire des amis, et pour premier ordre leur fut donné un comique exacte de laisser parvenir qui que ce fait au château. Peu de là l’époque du 1 de novembre qui était celle où la société devait être entièrement réunie, il arma ses fidèles vassaux, leur accorda quelques privilèges qu’il sollicitait depuis longtemps et la barrière fut fermée. Dans le fait la