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tout le collège. — Narcisse était âgé de 12 ans, il était [fils d’un] chevalier de Malthe, on l’avait enlevé à Rouen où son père remplissait une charge honorable et compatible avec la noblesse, on le faisait partir pour le collège de Louis le Grand à Paris, il fut enlevé en route. Zéphire, le plus délicieux des 8 à supposer que leur excessive beauté eut laissé la faculté d’un choix, était de Paris, il y faisait ses études dans une célèbre pension, son père était un officier général qui fit tout au monde pour le ravoir sans que rien y put réussir, on avait séduit le maître de pension à force d’argent, et il en avait livrés sept dont six avaient été réformés. Il avait tourné la tête au duc qui protesta que s’il avait fallu une million pour enculer cet enfant-là, il l’aurait donné à l’instant. Il s’en réserva les prémices, et elles lui furent généralement accordées. O tendre et délicat enfant quelle disproportion et quelle sort affreuse t’était donc préparée ! — Céladon était fils d’un magistrat de Nancy, il fut enlevé à Luneville, où il était venu voir une tante ; il atteignait à peine sa quatorzième année ; ce fut lui seul qu’on séduisait par le moyen d’une jeune fille de son âge, qu’on trouva le moyen de lui faire voir, la petite friponne l’attira dans le piège en feignant de l’amour pour lui. On le veillait mal et le coup réussit. Adonis était âgé de quinze ans, il fut enlevé au collège de45) Plessis où il faisait ses études, il était fils d’un président de grand chambre qui eut beau se plaindre, beau remuer, les précautions étaient si bien prises qu’il lui devint impossible de jamais en entendre parler. Curval qui en était fou depuis deux ans, l’avait connu chez son père et c’était lui, qui