Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/437

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la fille du malheureux cordonnier, qui périssait en prison avec sa pauvre femme, pendant que je jouissais du legs, que lui laissait sa mère. Comme c’est Lucile, qui le satisfit, ce sera, si vous voulez bien, dans sa bouche, que j’en vais placer le récit. „J’arrive chez le marquis,“ me dit cette charmante créature, „vers les dix heures du matin ; dès que je suis entrée, toutes les portes se ferment.“ — „Que veux-tu faire ici, scélérate,“ me dit le marquis, tout en feu, „qui te permit de me venir interrompre ?“ — et comme vous ne m’aviez prévenue de rien, vous imaginez facilement, à quel point cette réception m’effraya. „Allons, mets-toi nue,“ poursuivit le marquis, „puis que je te tiens, garce, tu ne sortiras plus de chez moi ! — tu vas périr, te voilà à ton dernier moment,“ alors je fondis en larmes, je me jetais aux pieds du marquis, mais il n’y eut aucun moyen de le fléchir. Et comme je ne me pressais assez de me déshabiller, il déchira lui-même mes vêtements en les arrachant de force de dessus mon corps, mais ce qui acheva de m’effrayer, ce fut de les voir jetés en feu à mesure, qu’il les enlevait. „Tout cela devient inutile,“ disait-il en jetant pièce à pièce tout ce qu’il emportait dans un vaste foyer, „tu n’as plus besoin de robes, de mantelets, d’ajustements, ce n’est plus qu’une bière, qu’il te faut,“ en un instant, je fus tout à fait nue, alors, le marquis qui ne m’avait jamais vue contempla un instant mon derrière, il le mania en jurant, l’entr’ouvrit, le resserra, mais ne le baisa point. „Allons, putain,“ dit-il, „ça est fait, tu vas suivre les habits, et je vais t’attacher sur les chenets, oui sacré Dieu, te brûler vive, garce, avoir le plaisir de respirer l’odeur, qui exhalera de ta chair brûlée,“ et