louis sur mon mantelet, somme usitée et dont le paillard sans doute avait coutume de payer ses plaisirs. — „Ici, messieurs“ continua Duclos, „je suis obligée de revenir sur mes pas, et de vous raconter, pour finir la soirée, deux avantures, qui me sont arrivées dans ma jeunesse, comme elles sont un peu fortes, elles auraient été déplacées dans le cours des faibles événements, par lesquelles vous m’aviez ordonné de commencer, j’ai donc été obligée de les déplacer et de vous les garder pour le dénouement ; je n’avais pour lors que 16 ans, et j’étais encore chez la Guérin, on m’avait placée dans le cabinet intérieur de l’appartement [144]d’un homme d’une très grande distinction, en me disant simplement d’attendre, d’être tranquille et de bien obéir au seigneur, qui viendrait s’amuser avec moi, mais on s’était bien gardé de me dire davantage, je n’aurais pas eu autant de peur, si j’avais été prévenue, et notre libertin certainement pas autant de plaisir : il y avait environ une heure que j’étais dans le cabinet, lorsqu’on l’ouvre à la fin ; c’était le maître même : „Que fais-tu là, coquine,“ me dit-il avec l’air de la surprise, — „à l’heure qu’il est, dans mon appartement !, ah putain,“ s’écria-t-il, en me saisissant par le cou, jusqu’à me faire perdre la respiration, „ah gueuse, tu viens pour me voler,“ à l’instant il appelle à lui, un valet affidé paraît : „La Fleur,“ lui dit le maître, tout en colère, „voilà une voleuse que j’ai trouvée cachée, déshabille-la toute nue, et prépare-toi à exécuter après l’ordre que je te donnerai.“ — La Fleur obéit, en un instant je suis dépouillée, alors jetées mes vêtements dehors à mesure que je les quitte : „Allons,“ dit le libertin à son valet, „va chercher le sac à présent,
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