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le derrière. Il n’y eut pourtant que le duc, qui perdit son foutre, Duclos avait annoncé pour ce soir-là de plus jolis récits que les précédents et l’on voulait se réserver pour les entendre, l’heure étant venue on y passa et voici comment s’exprima cette intéressante fille : — [131]„Un homme dont je n’ai jamais connu, messieurs,“ dit elle, „ni les entours ni l’existence et que je ne pourrai d’après cela vous peindre que très imparfaitement me fait prier par un billet de me rendre chez lui à 9 heures du soir, rue blanche du rempart. Il m’avertissait par son billet de n’avoir aucune défiance, et que, quoiqu’il ne se fît pas connaître à moi, je n’aurais aucun sujet de me plaindre de lui, deux louis accompagnaient la lettre, et malgré ma prudence ordinaire, qui certainement aurait dû s’opposer à cette démarche, dès que j’eus commission par celui, qui me la faisait faire, j’hasardai tout cependant, me fiant tout à fait, à je ne sais quel pressentiment, qui semblait m’avertir tout bon, que je n’avais rien à craindre, — j’arrive, un valet m’ayant averti de me déshabiller entièrement, et qu’il ne pouvait m’introduire qu’en cet état dans l’appartement de son maître, j’exécute l’ordre, et dès qu’il me voit dans l’état désiré, il me prend par la main et m’ayant fait traverser deux ou trois appartements, il frappa enfin à une porte, elle s’ouvre, j’entre, le valet se retire, et la porte se referme, mais entre une fosse et l’endroit où je fus introduite, relativement au jour, il n’y avait pas la moindre différence. Et ni le jour ni l’air n’entrait dans cette pièce absolument d’aucun côté. À peine fus-je entrée qu’un homme nu vint à moi, et me saisit sans prononcer un seul mot, je ne perds pas la tête, persuadée que tout cela tenait