Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/390

Cette page a été validée par deux contributeurs.


que l’on enterrait dans quelque cimetière une jeune fille, morte sans maladie dangereuse ; c’était la chose qu’il me recommandait le plus, dès que je lui avais trouvé son affaire (et il me paya toujours la découverte très cher), nous partions le soir, nous nous introduisions dans le cimetière comme nous pouvions et allant tout de suite au trou indiqué par l’espion et dont la terre était le plus fraîchement remuée, nous travaillions promptement tous deux à écarter avec nos mains tout ce qui couvrait le cadavre, et dès qu’il pouvait le toucher, je le branlais dessus, pendant qu’il le maniait partout, et sur tout sur les fesses, s’il le pouvait quelquefois il rebandait une seconde fois, mais alors il chiait et me faisait chier sur le cadavre, et déchargeait par dessus en palpant toujours toutes les parties du corps, qu’il pouvait saisir.“ „Oh pour celle-là, je la conçois,“ dit Curval, „et s’il faut ici vous faire ma confession, c’est que je l’ai fait quelque fois dans ma vie, il est vrai que j’y ajoutais quelques épisodes, qu’il n’est pas encore temps de vous dire ; quoiqu’il en soit, elle me fait bander, écartez vos cuisses, Adélaïde !“ — et je ne sais ce qui se passa, mais le canapé cria, plia sous le faix ; on entendit une décharge très constatée, et je crois que tout simplement et très vertueusement M. le président venait de faire un inceste. „Président,“ dit le duc, „je parie, que tu as cru qu’elle était morte.“ — „Oui, en vérité,“ dit Curval, „car je n’aurais pas déchargé sans cela ;“ et Duclos voyant qu’on ne disait plus mot, termina ainsi sa soirée : — „Pour ne pas [130]vous laisser, messieurs, dans des idées ainsi lugubres, je vais clore ma soirée par le récit de la passion du duc de Bonnefort. Ce jeune seigneur que j’ai amusé