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votre mère.“ — „Cela est vrai, madame, cela est vrai, disait-il, en se branlant, „je suis un monstre, je suis un criminel, il n’y a pas d’infamies et que je n’aie pas faites, et que je ne sois prêt à faire encore, allez, vos coups sont inutiles, je ne me corrigerai jamais, j’ai trop de volupté dans le crime, „vous me tueriez que je le commettrais encore, le crime est mon élément, il est ma vie, j’y ai vécu, et j’y veux mourir.“ — „Et vous sentez,“ [dit Duclos] ? combien [il] m’animait lui-même par ce propos, je redoublais et mes invectives et mes coups, le foutre, lui échappe, pourtant c’était le signal, à ce mot je redouble de vigueur et tâche de le frapper sur les endroits les plus sensibles, il cabriole, il saute, il m’échappe et va se jeter en déchargeant dans un cuve d’eau tiède préparée tout exprès pour la purition de cette sanglante cérémonie. — Oh ! pour le coup je cédais à ma compagne l’honneur d’en avoir vu plus que moi, sur cet article, et je crois, que nous pouvions bien nous dire alors les deux seules de Paris, qui en eussions vu autant, car notre Grancourt ne variait jamais, et il y avait plus de vingt ans, qu’il allait tous les 3 jours chez cette femme, pour pareille expédition. — [117]Peu après, cette même amie m’adresse chez un autre libertin dont la fantaisie, je le crois, vous paraîtra pour le moins aussi singulière : la scène se passait à sa petite maison, en route, on m’introduit dans une chambre assez sombre, où je vois un homme au lit, et dans le milieu de la chambre une bière : „Vous voyez,“ me dit notre libertin, „un homme au lit de la mort, et qui n’a voulu fermer les yeux sans rendre encore une fois hommage à l’objet de son culte, j’adore les culs, et je veux mourir en en baisant un, dès que