Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prévarications dans l’affaire du mari, le motif fut à moitié connu, et de tout cela sa retraite résulte enfin. Dès ce moment Curval n’ayant plus de décorum à garder se précipita dans un nouvel océan d’horreurs et de crimes, il se fit chercher des victimes partout pour les immoler à la perversité de ses goûts, par le raffinement de cruauté atroce, et pourtant bien aisé à comprendre, la classe de l’infortune était celle sur laquelle il aimait le plus à lancer les effets de sa perfide rage. Il avait plusieurs femmes qui lui cherchaient nuit et jour dans les greniers et dans les galetas tout ce que la misère pouvait offrir de plus abandonné et sous le prétexte de leur donner des secours, ou il les empoisonnait, ce qui était un de ces plus délicieux passetemps, ou il les attirait chez lui et les immolait lui-même à la perversité de ses goûts. Hommes, femmes, enfants, tout était bon à sa perfide rage et il commettait sur cela des excès qui l’auraient fait porter, mille fois sa tête sur un échafaud sans son crédit et son or qui l’en préservèrent mille fois. On imagine bien qu’un tel être n’avait pas plus de religion que ses deux confrères, il la détestait sans doute aussi souverainement, mais il avait jadis plus fait pour l’extirper dans les cœurs, car profitant de l’esprit qu’il avait eu pour écrire contre elle, il était auteur de plusieurs ouvrages dont les effets avaient été prodigieux et ces succès qu’il se rappellait sans cesse, étaient encore une de ses plus chères voluptés.24)

Durcet est âgé de 53 ans, il est petit, court, gros, fort épais, une figure agréable et fraiche, la peau très blanche, tout le corps et principalement