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me flatte qu’un même tombeau doit les réunir.“ — „Doucement, doucement,“ dit le duc, „n’empiétons pas sur les événements, parce que vous bandez, M. le président, vous voudriez, qu’on vous parlât tout de suite de roues et de potences, vous ressemblez beaucoup aux gens de votre robe, dont on prétend que le vit dresse toujours, chaque fois qu’ils condamnent à mort.“ — „Laissons-là l’état et la robe,“ dit Curval, „le fait est que je suis si échauffé des procédés de Duclos, que je la trouve une fille charmante et que son histoire du comte m’a mis dans un état affreux ; dans un état, où je crois que j’irais volontiers sur le grand chemin arrêter et voler une coche.“ — „Il faut mettre ordre à cela, président,“ dit l’évêque, „autrement nous ne serions pas ici en sûreté, et le moins que tu puisses faire, serait, de nous condamner tous à être pendus.“ — „Non pas vous, mais je ne vous cache pas, que je condamnerais de bon cœur ces demoiselles et principalement Md. la duchesse, que voilà-là couchée, comme un veau sur mon canapé, et qui parce qu’elle a un peu de foutre modifié dans la matrice, s’imagine qu’on ne peut plus la toucher.“ — „Oh,“ dit Constance, „ce n’est assurément pas avec vous, que je compterais sur mon état, pour m’attirer un tel respect, on sait trop, à quel point vous détestez les femmes grosses.“ — „Oh prodigieusement,“ dit Curval, „c’est la vérité,“ et il allait dans son transport commettre je crois quelque sacrilège — sur ce beau ventre, lorsque Duclos s’en empara : „Venez, venez,“ dit-elle, M. le président, „puisque c’est moi, qui ai fait le mal, je veux le réparer,“ — et ils passèrent ensemble dans le boudoir de fond, suivis d’Augustine, d’Hébé, de Cupidon et de Thérèse, on ne fut pas long-