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jusqu’à ce qu’il eût mangé un étron que je lui présentais dans un pot de chambre, sans qu’il voulût savoir, de qui il était. — On n’imagine pas, messieurs, où les hommes portent le délire dans le feu de leur imagination ! [100]N’en ai-je pas vu un qui toujours dans les mêmes principes exigeait, que je le rossasse à grands coups de canne sur les fesses, jusqu’à ce qu’il eût mangé l’étron, qu’il faisait tirer devant lui du fond même de la fosse des lieux ! Et sa perfide décharge ne coulait dans ma bouche à cette expédition, que lorsqu’il avait dévoré cette fange impure.“ — „Tout cela se conçoit,“ dit Curval, en maniant les fesses de Desgranges, „je suis persuadé qu’on peut encore aller plus loin, que tout cela.“ — „Plus loin,“ dit le duc, qui plottait un peu ferme le derrière nu d’Adélaïde, sa femme du jour, „et que, diable veux-tu que l’on fasse ?“ — „Pis,“ dit Curval,182), „pis et je trouve qu’on n’en fait jamais assez sur toutes ces choses-là.“ — „Je pense bien comme lui,“ dit Durcet, qui enculait Antinous, „et je sens que ma tête raffinerait encore sur toutes ces cochonneries.“ — „Je parie que je sais ce que Durcet veut dire,“ dit l’évêque qui n’opérait encore, „et qui diable est-ce donc ?“ dit le duc. — „Alors l’évêque se leva, parla bas à Durcet, qui dit que c’était cela, et l’évêque fut le rendre à Curval, qui dit : „Eh vraiment oui,“ et au duc, qui s’écria : „ah foutre, je n’aurais jamais trouvé celle-là.“ Comme les messieurs ne s’expliquèrent pas davantage, il nous a été impossible de savoir ce qu’ils ont voulu dire, et183) je crois que nous ferions bien par pudeur de la tenir toujours sous le voile, car il y a tout plein de choses, qu’il ne faut qu’indiquer, une prudente circonspection l’exige, on peut rencontrer des oreilles