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circonstance, et entendant toutes ses camarades appeller au secours, elle osa entrer chez Durcet, qui couchait avec Constance, sa fille, et elle lui dit, ce qui arrivait, Constance à tout évènement osa se lever, malgré les efforts que Durcet, ivre, faisait pour la retenir, en lui disant qu’il voulait décharger, elle prit une bougie et vint dans la chambre des filles, elle les trouva toutes en chemise au milieu de la chambre, et le duc les poursuivant les unes après les autres et croyant toujours n’avoir affaire qu’à la même, qu’il prenait pour Aline, et qu’il disait être sorcière cette nuit-là, enfin Constance lui montra son erreur, et le pria de permettre qu’elle le conduisit à sa chambre, où il trouverait Aline très soumise à tout ce qu’il voudrait en exiger ; le duc qui, très ivre, et de très bonne foi, n’avait réellement point d’autre dessein, que d’enculer Aline, se laissa conduire, cette belle fille le reçut, et on se coucha, Constance se retira et tout rentre dans le calme, chez les jeunes filles. On rit beaucoup tout le lendemain de cette avanture nocturne et le duc prétendit que si malheureusement dans un tel cas, il eût fait sauter un pucelage, il n’aurait pas été dans le cas de l’amende, parce qu’il était saoul. On l’assura qu’il se trompait, et qu’il l’aurait très bien payée. On déjeuna chez les sultanes à l’ordinaire, et toutes avouèrent qu’ils avaient eu une furieuse peur. On n’en trouva cependant aucune en faute malgré la révolution, tout était de même en ordre chez les garçons, et le diner non plus que le café n’ayant rien offert d’extraordinaire on passa au salon d’histoire où la Duclos bien remise, de ses excès de la veille, amusa l’assemblée ce soir-là des cinq récits suivants, — „Ce [96]fut encore moi,“ dit-elle, „messieurs, qui servit à la