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ce n’était pas assez, de ruiner ces deux malheureux enfants. L’évêque qui ne commettait jamais un crime sans en concevoir à l’instant un nouveau, fut muni du consentement de son ami, retirer les enfants de la pension obscure où l’on les élevait, et les plaça chez des gens à lui et se résolvait de l’instant, de les faire tous deux bientôt servir à ses perfides voluptés. Il les attendit jusqu’à 13 ans, le petit garçon atteignit le premier cet âge, il s’en servait, l’assouplit à toutes ses débauches et comme il était extrêmement joli, il s’en amusa près de 8 jours. Mais la petite fille ne réussit pas aussi bien. Elle arrive fort laide à l’âge prescrit sans que rien arrêta pourtant la lubrique fureur de notre scélérat, ses désirs assouvis il craignait que s’il laissait vivre ces enfants, ils ne vinssent à découvrir quelque chose du secret qui les intervenait ; il les conduisit à une terre de son frère et sûr de retrouver dans un nouveau crime des étincelles de lubricité que la jouissance venait de lui faire perdre, il les immole tous deux à ses passions féroces, et accompagna leur mort d’épisodes si piquantes et si cruelles que sa volupté renaquit au sein des tourments dont il les accabla. Le secret n’est malheureusement que trop sûr et il n’y a pas de libertin un peu encré dans le vice qui ne sache combien le meurtre a d’empire sur les sens et combien il détermine voluptueusement une décharge, c’est une vérité dont il est bon que le lecteur se prémunisse avant d’entreprendre la lecture d’un ouvrage qui doit autant développer ce système.21) — Tranquille désormais sur tous les événements l’évêque revint à Paris pour jouir des fruits de ses forfaits, et sans le plus petit remord d’avoir trompé les inten-