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pouvais l’être d’avoir la sienne.“ En cet instant le duc échauffé dit que le souper dut-il sonner, il voulait167) avant que de se mettre à table exécuter cette fantaisie-là, et voici comme il s’y prit ; il fit approcher Sophie, reçut son étron dans la bouche, puis obligea Zélamir à venir manger l’étron de Sophie. Cette manie eût pu devenir une jouissance pour tout autre, que pour un enfant tel que Zélamir ; pas assez formé pour en sentir tout le délicieux, il n’y vit que du dégoût et voulut faire quelques façons, mais le duc le menaçant de toute sa colère, s’il balançait une seule minute, il exécuta. L’idée fut trouvée si plaisante, que chacun l’imita de plus au moins, car Durcet prétendit, qu’il fallait partager les faveurs, et qu’il n’était pas juste, que les petits garçons mangeassent la merde des filles, pendant que les filles n’auraient rien pour elles, et en conséquence, il se fit chier dans la bouche par Zéphire et ordonne à Augustine de venir manger la marmelade, ce que cette belle et intéressante fille fit en vomissant jusqu’au sang. Curval imita ce bouleversement, et reçut l’étron de son cher Adonis, que Michette vint manger, non sans imiter les répugnances d’Augustine ; pour l’évêque, il imita son frère, et fit chier la délicate Zelmire, en obligeant Céladon à venir avaler la confiture ; il y eut de détails de répugnance très intéressants pour des libertins, aux yeux desquels les tourments, qu’ils infligent, sont des jouissances. L’évêque et le duc déchargèrent, les deux autres ou ne le purent ou ne le voulurent, et on pensa à souper, on y loua étonnamment l’action de la Duclos. „Elle a eu l’esprit de sentir,“ dit le duc qui la partageait étonnamment, „que la reconnaissance était une chi-