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tenterons d’en citer un, il suffira à faire voir au lecteur de quoi un tel homme pouvait être capable, et ce qu’il savait et pouvait faire ayant fait ce qu’on va lire. — Un de ses amis homme puissamment riche avait autrefois eu une intrigue avec une fille de condition de laquelle il y avait eu deux enfants, une fille et un garçon, il n’avait cependant jamais pu l’épouser et la demoiselle était devenue la femme d’un autre. L’amant de cette infortunée mourut jeune, mais possesseur cependant d’une fortune immense n’ayant aucun parent dont il se soucia, il imagine de laisser tous ses biens aux deux malheureuses fruits de son intrigue. Au lit de mort il confia son projet à l’évêque et le chargea de ces deux dots immenses, qu’il partagea en deux portefeuilles égaux et qu’il remit à l’évêque, en lui recommandant l’éducation de ces deux orphelins, et de leur remettre à chacun ce qui leur revenait dès qu’ils auraient atteint l’âge prescrit par les lois. Il en joignit en même temps au prélat de faire valoir jusque là les fonds de ses pupilles afin de doubler leur fortune, il lui témoigne en même temps, qu’il avait dessein de laisser éternellement ignorer à la mère ce qu’il faisait pour ses enfants, et qu’il exigeait qu’absolument on ne lui en parle jamais. Ces arrangements pris, le moribond ferma les yeux, et monseigneur se vit maître de près d’un million en billets de banque et des deux enfants. Le scélérat ne balance pas longtemps à prendre son parti. Le mourant n’avait parlé qu’à lui, la mère devait tout ignorer, les enfants n’avaient que quatre ou cinq ans. Il publia que son ami en expirant avait laissé son bien aux pauvres, et dès le même jour le fripon s’en empara. Mais