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dire pour ce soir,“ dit Duclos, „en attendant que j’entre demain dans un nouvel ordre des choses, au moins relativement à mon existence. Car pour ce qui touche ce goût charmant, que vous idolâtrez, il me reste encore au moins deux ou trois jours, messieurs, à avoir l’honneur de vous en entretenir.“ — Les opinions se partagèrent sur le sort des étrons de l’homme dont on venait de parler et tout en raisonnant on en fit faire quelqu’uns, et le duc qui voulait que tout le monde vit le goût qu’il prenait pour la Duclos, fit voir à toute la société la manière libertine dont il s’amusa avec elle et l’aisance, l’adresse, la promptitude accompagnées des plus jolis propos, dont elle avait tant, de le satisfaire, — le souper et les orgies furent assez tranquilles et comme il n’y eut aucun événement de conséquence jusqu’à la soirée d’ensuite, c’est par le récit dont la Duclos l’égayait que nous allons commencer l’histoire de la 12me journée.


Douzième journée.


„Le nouvel état dans lequel je vais entrer m’oblige,“ dit la Duclos, „de vous ramener, messieurs, un instant au détail de mon personnel, on se figura mieux les plaisirs que l’on peint, quand l’objet qui les procure est connu. Je venais d’atteindre ma vingtième année ; j’étais brune, mais la peau malgré cela d’un blanc le plus agréable, l’immensité des cheveux, qui couvraient ma tête, redescendaient en boucles flottantes et naturelles jusqu’au bas de mes cuisses, j’avais les yeux que vous me voyez et qu’on a toujours trouvés beaux, ma taille était un peu remplie, quoique grande, souple