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intrigue criminelle à se charger de cette exécution en lui faisant entendre que si elle réussirait il la ferait jouir d’une partie de la fortune dont cette mort les rendrait maîtres, mais la jeune personne eut horreur de cette action, et le duc voyant que son secret mal confié allait peut-être trahi se décide dans la minute à réunir à sa victime celle qu’il avait voulu rendre sa complice, il les menait à une de ses terres d’où les deux infortunées ne revinrent jamais.

Rien n’encourage comme un premier vice impuni. Après cette14) épreuve le duc brisa tous les freins, dès qu’un être quelconque opposait à ses désirs les plus légers entraves le poison s’employait aussitôt, des meurtres nécessaires il passa bientôt aux meurtres de volupté, il conçut le malheureux écart qui nous fait trouver des plaisirs dans les maux d’autrui, il sentit qu’une commotion violente imprimée sur un adversaire quelconque rapportait à la masse de nos nerfs une vibration dont l’effet irritant les esprits animaux qui coulent dans les concavités de ces nerfs les oblige à presser les nerfs électeurs, et à produire d’après cet ébranlement ce qu’on appelle une sensation lubrique. En conséquence il se mit à commettre des vols et des meurtres par unique principe de débauche et de libertinage comme un autre, pour enflammer ces mêmes passions, se contente d’aller voir des filles. À 23 ans il fit partie avec trois de ses compagnons de vice auxquels il avait inculqué sa philosophie, d’aller arrêter un carosse public dans le grand chemin, de violer également les hommes et les femmes, de les assassiner après, de s’emparer de l’argent dont ils n’avaient assurément15) aucun besoin, et de se trouver