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avait 14 ans, cheveux châtains, les yeux bruns et pleins de feu, la petite figure la plus voluptueuse qu’il fût possible de voir, la peau blanche comme le lis et douce comme du satin, assez bien faite, mais pourtant un peu grosse, léger, inconvénient, d’où il résultait le cul le plus frais et le plus mignon, le plus potelé et le plus blanc qu’il y eut peut-être à Paris. L’homme que je lui vis expédier par le trou était son [premier amant] car elle était encore pucelle et très assurément de touts côtés. Aussi un tel morceau bon n’est qu’à un grand ami de la maison. C’était le vieil abbé de Fierville, aussi connu par ses richesses que par sa débauche, goutteux jusqu’aux bout des doigts ; il arrive tout embéguiné, s’établit dans la chambre, visite tous les utensils qui vont lui devenir nécessaires, prépare tout, et la petite arriva. On la nommait Eugénie. Un peu effrayée de la figure grotesque de son premier amant, elle baisse les yeux et rougit. „Approchez, approchez,“ lui dit le libertin, „et faites-moi voir vos fesses.“ — „Monsieur,“ dit l’enfant, interdit. „Allons donc, allons donc,“ dit le vieux libertin, „il n’y a rien de pis que toutes ces petites novices-là, ça ne conçoit pas, qu’on veuille voir un cul, allons troussez donc, troussez donc,“ et la petite s’avança à la fin de peur de déplaire à la Fournier, à laquelle elle promit d’être bien complaisante, se trousse à moitié par derrière. — „Plus haut donc, plus haut,“ dit le vieux paillard, „croyez-vous que je vais prendre cette peine-là moi-même, et à la fin le beau cul paraît tout à fait. L’abbé le lorgne, la fait tenir droite, la fait courber, lui fait resserrer les jambes, les lui fait écarter, et l’appuyant149) contre le lit, il frotte un mo-