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tendre, des saletés abominables, mais vos oreilles y sont faites, vos cœurs les aiment et les désirent et j’entre [41]en détails sans plus de délais. Nous avions une vieille pratique chez md. Fournier, qu’on appelait le chevalier, je ne sais ni pourquoi, ni comment, dont la coutume était de venir régulièrement tous les soirs à la maison pour une cérémonie aussi simple que bizarre : Il déboutonnait sa culotte, et il fallait qu’une de nous chacune à son tour vint lui pousser sa scelle dedans. Il la reboutonnait aussitôt et sortait bien vite en emportant ce paquet ; pendant qu’on le lui fournissait, il se branlait un instant, mais on ne le voyait jamais décharger et l’on ne savait pas plus où il allait avec son étron, ainsi enculotté.“143) „Oh parbleu,“ dit Curval, qui n’entendait jamais rien qu’il n’eût envie de le faire, „je veux qu’on chie dans ma culotte et garder cela toute la soirée“, et ordonnant à Louison de venir lui rendre ce service, le vieux libertin donna à l’assemblée la représentation effective du goût, dont elle ne venait que d’entendre le récit. „Allons continuez,“ dit-il flegmatiquement à Duclos, en se campant sur le canapé, „je ne vois à cela que la belle Aline, ma charmante compagne de soirée, qui pourra se trouver incommodée de cette affaire-ci, car pour144) moi, je m’en accomode fort.“ — Et Duclos reprit en [42]ces termes : Prévenue,“ dit-elle, „de tout ce qui devait se passer chez le libertin, où on m’envoyait, je me vêtis en garçon et comme je n’avais que vingt ans, de beaux charmes et une jolie figure, ce vêtement m’allait à merveille ; j’ai la précaution de faire avant de partir, dans ma culotte ce que ms. le président vient de se faire faire dans la sienne ; mon homme