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-même, mais la Guérin savait ce dont il s’agissait.“ — „Juste ciel, que m’apprenez-vous,“ dit alors la Duclos, „hélas ! Quoique privée de la voir je me flattais encore de son existence.“ — „Très à tort,“ reprit la Desgranges, „mais elle ne t’avait pas menti. Ce fut la beauté de ses fesses, la supériorité étonnante de son cul, qui lui valut l’aventure où elle se flattait de trouver sa fortune, et où elle ne rencontra que la mort.“… „Et le grand homme sec ?“ dit Duclos. — „Il n’était que le courtier de l’aventure, il ne travailla pour son compte.“ — „Mais cependant,“ dit Duclos, „il la voyait assidûment depuis 6 mois.“ „Pour la tromper,“ reprit Desgranges, — „mais reprends ton récit. Ces éclaircissements pourraient ennuyer ces messieurs, et cette anecdote-là me regarde, je leur en rendrai ton compte.“ — „Grâce de l’attendrissement, Duclos,“ lui dit sèchement le duc, en voyant qu’elle avait peine de retenir quelques larmes involontaires, „nous ne connaissons pas ces regrets-là ici, et toute la nature se croulerait, que nous n’en pousserions pas un soupir, laissez les pleurs aux imbéciles et aux enfants et qu’ils ne souillent jamais les joues d’une femme raisonnable et que nous estimons.“ À ces mots notre héroïne se contint et reprit aussitôt son récit : „En raison des deux causes que je viens d’expliquer, je pris donc mon parti, messieurs, et la Fournier m’offrant un meilleur logement, une table bien autrement servie, des parties bien plus chères, quoique plus pénibles, mais toujours le partage égal et sans, aucune retenue, je me déterminai sur-le-champ. Md. Fournier occupait une maison toute entière, et cinq jeunes et jolies filles composaient son sérail. Je fus