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lumières, et si tellement, que nos libertins échauffés sur son compte ne voulurent pas lui permettre de continuer, que du haut de sa tribune elle n’eût fait voir ses fesses à l’assemblée. — „Elle a vraiment un beau cul,“ dit Curval. — „Eh bon, mon ami,“ dit Durcel, „je te certifie, que j’en ai peu vu de meilleurs.“ — Et ses éloges reçus, notre héroïne rabaissa ses jupes, s’assit et reprit le fil de son histoire de la façon dont le lecteur va le lire, s’il se donne la peine de continuer, ce que nous lui conseillons pour l’intérêt de ses plaisirs. „Une réflexion, et un évènement, furent cause, messieurs, que ce qu’il me reste à vous conter maintenant n’est plus dans le même champ de bataille ; la réflexion est bien simple : ce fut l’état malheureux de ma bourse, qui la fit naître, depuis 9 ans que j’étais chez md. Guérin quoique je dépensasse fort peu, je ne me trouvais pourtant pas cent louis devant moi, cette femme extrêmement à droite et entendant au mieux ses intérêts trouvait toujours le moyen de garder pour elle au moins les deux tiers des recettes et imposait même de grandes retenues sur l’autre tiers ; ce manège me déplut et vivement sollicitée par une autre maquerelle nommée Fournier, d’aller habiter avec elle, sachant que cette Fournier recevait chez elle de vieux débauchés d’un bien meilleur ton et bien plus riches que la Guérin, je me déterminais à prendre congé de celle-ci pour aller chez l’autre. — Quant à l’évènement qui vint appuyer mes réflexions, ce fut la perte de ma sœur, je m’étais fortement attachée à elle, et je ne pus rester davantage dans une maison où tout me la rappellait sans la retrouver. Depuis près de 6 mois cette chère