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qu’il s’en contentera, ensuite il me fait quelques questions sur mon âge, sur le métier que je fais et content de ma prétendue innocence et de l’air d’ingénuité, que j’affecte, il me fait monter dans son appartement, car il en avait un à lui chez la Guérin, un où personne n’entrait que lui et qui n’était point sujet à être observée de nulle part. Dès que nous sommes entrés, il ferme avec soin la porte, et m’ayant encore considérée un instant, il me demande d’un ton et d’un air assez brutal, caractère qu’il conserva toute la scène, il me demande — dis-je — s’il est bien vrai qu’on ne m’ait jamais foutue en cul, comme il était de mon rôle d’ignorer une pareille expression, je me le fis répéter, lui protestant que je ne l’entendais pas, et quand, par ses gestes, il m’eut fait comprendre, ce qu’il voulait dire, d’une manière où il n’y avait plus moyen de ne le pas entendre, je lui répondis avec un air d’effroi et de pudeur, que je serais bien fâchée de m’être jamais prêtée à de pareilles infamies ; alors il me dit de quitter seulement mes jupes, et sitôt que j’en obéis, en laissant ma chemise continuer de cacher le devant il la relève sur le derrière le plus qu’il put sous mon corset et comme en me déshabillant mon mouchoir de cou était tombé et que ma gorge paraissait en entier, il se fâcha : „Que le diable emporte les tetons,“ s’écria-t-il, „et qui vous demande des tetons. Voilà ce qui m’impatiente avec toutes ses créatures-là, c’est toujours cette impudente manie de montrer des tetasses.“ Et m’empressant de les couvrir, je m’approchai de lui, comme pour lui demander excuse, mais voyant que je lui montrais le devant par l’attitude que j’allais prendre, il s’emporta