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beau être une femme honnête, il fallait se soumettre à tout, et le libertinage qui n’admet jamais aucune borne, se trouvait singulièrement échauffé de contraindre à des horreurs et à des infamies ce qu’il semblait que la nature et la convention sociale dût soustraire à de belles épreuves. — On y venait, il fallait tout faire et comme nos quatre8) scélérats avaient tous les goûts les plus crapuleux et de la plus insigne débauche cet acquiescement essentiel à leurs désirs n’était pas une petite affaire. — Le troisième9) souper était destiné aux créatures les plus viles et les plus souillées qui pussent se rencontrer ; à qui connait les écarts de la débauche, ce raffinement paraîtra tout simple, il est très voluptueux de se vautrer, pour ains[s]i dire, dans l’ordure, avec des créatures de cette classe, on trouve là, l’abandonnement le plus complet, les crapules les plus monstrueuses, l’avilissement le plus entier et les plaisirs comparés à ceux qu’on a goûtés la veille ou aux créatures distinguées qui nous les ont fait goûter, jettent un grand sel et sur l’un et sur l’autre excès. Là, comme les débauches10) étaient plus entières, rien n’était oublié pour les rendre et nombreuses et piquantes. Il y paraissaient cent putains dans le cours de six heures et trop souvent toutes les cent ne sortaient pas entières. Mais ne précipitons rien, ce raffinement-ci a des détails où nous ne sommes pas encore. Le quatrième11) souper était réservé aux pucelles. On ne les recevait que jusqu’à 15 ans depuis 7. Leur condition était égale, il ne s’agissait que de leur figure, on la voulait charmante et de la sûreté de leur prémices, il fallait qu’ils fussent authentiques, incroyable raffinement du libertinage. Ce n’était pas