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comme vous l’imaginez aisément, que d’aller tout conter à ma sœur, qui m’essuiya partout avec le plus grand soin pour que rien ne parût, et qui pour m’avoir procuré cette petite bonne fortune ne manqua de me demander la moitié de mon gain ; cet exemple m’ayant instruit je n’en manquai pas, dans l’espoir d’un pareil partage de chercher le plus de petites filles que je pus au père Laurent, mais lui en ayant amené une qu’il connaissait déjà, il la refusa et me donnant 3 sous pour m’encourager, „je ne les vois jamais deux fois, mon enfant,“ me dit-il, „amènem’en que je ne connais pas, et jamais de celles qui te diront avoir déjà eu affaire à moi ;“ je m’y pris mieux, en trois mois je fis connaître plus de vingt petites filles nouvelles au père Laurent, avec lesquelles il employa pour son plaisir absolument les mêmes procédés que ceux qu’il avait eu avec moi. Avec la clause de les lui choisir inconnues, j’observai encore celles qu’il m’avait infiniment recommandées ; relativement à l’âge, il ne fallait pas que cela fut au dessous de 4 ans ni au-dessus de 7. Et ma petite fortune allait le mieux du monde lorsque ma sœur s’apercevant que j’allais sur ses brisées me menaça de tout dire à ma mère si je ne cessais ce joli commerce, et je laissai le père Laurent.67) Cependant mes fonctions me conduisant toujours dans les environs du couvent, le même jour où je venais d’atteindre ma 7e année, je fis rencontre d’un nouvel amant dont la manière quoique bien enfantine devenait pourtant un peu plus sérieuse.[2] 2. Celui-ci s’appellait le père Louis, il était plus vieux que Laurent et avait dans le maintien je ne sais quoi de bien plus libertin, il me raccrocha à la porte de l’église