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alitée dès le même jour, tomba sérieusement malade. Impatienté de ne pouvoir continuer ma route, et de me trouver retardé par une créature dont je commençais à me dégoûter d’autant plus, que j’eus toujours les femmes grosses dans la plus grande horreur, j’allais charitablement me déterminer à la laisser là, elle et son enfant, lorsqu’une voyageuse, placée près de la chambre où nous étions, me fit prier de passer un moment chez elle. Dieu ! quelle fut ma surprise en reconnaissant Emma, cette jolie confidente de Sophie princesse de Hollande, dont je vous ai parlé tout-à-l’heure. Quelle rencontre, madame, m’écriai-je, et que j’en remercie la fortune ! mais êtes-vous seule ici ? Oui, me répondit cette charmante créature ; je fuis comme vous, une maîtresse insatiable, ambitieuse, et qu’on ne peut servir sans se perdre. O Borchamps ! que vous fûtes heureux de prendre si fermement votre parti ! Vous ne savez pas à quoi vous destinait sa perfide politique. Il était faux que son époux fut de moitié dans tout ce qu’elle méditait ; son intention était de s’en défaire par vos mains, et vous étiez perdu si le coup n’eût pas réussi ; désespérée de