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long-tems que la suite des faits n’obligera, de vous en parler. Clotilde, en cette situation mille fois plus piquante pour moi, m’inspira les choses du monde les plus extraordinaires. Qui le croirait, même avant que de jouir de ses charmes, je voulus qu’ils fussent profanés. Clotilde ne fut pas plutôt ma femme, que je banda sur la double idée de ne la foutre cette première nuit qu’au bordel, et d’y prostituer ses appas au premier venu.

Depuis que j’étais dans Londres, j’avais fait la connaissance d’une célèbre maquerelle chez qui je me dédommageais avec les plus belles coquines de la capitale, des ennuyeuses longueurs d’une intrigue reglée. Je vais trouver miss Bawil, je lui fais part de mes résolutions ; elle me répond de leur succès : j’y mets pour clause, que les libertins auxquels Clotilde sera livrée, se contenteront de pollutions et de mauvais traitemens. Tout concerté de part et d’autre, j’engage Clotilde, après la cérémonie, à venir consommer notre mariage chez une amie, plutôt que dans une maison encore entourée de ciprès et couverte de deuil ; Clotilde, pleine de confiance, se rend chez miss Bawil, où se sert le plus grand festin ; un autre,