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de la convaincre, mes moyens devinrent bien faciles.

Cléontine, dis-je un jour à ma voluptueuse putain, faut-il te l’avouer mon amour ? je brûle de t’épouser : la ressemblance de nos caractères me fait croire que nous serions très-heureux ensemble ; mais tu n’as rien, je suis riche, et je sens que par délicatesse tu ne voudrais pas de moi, dénuée des dons de la fortune ; il est un moyen, Cléontine, de te rendre favorable cette fortune capricieuse, et de brusquer ses dons. Je ne vois que trois têtes qui bornent tes richesses, et comme je m’apperçus que Cléontine s’enivrait à plaisir du poison que je distillais dans son ame, j’en doublai courageusement les doses. Rien de plus facile, continuai-je, que de nous débarrasser de Tilson. Sa femme est emportée, violente, extrêmement jalouse ; elle n’apprendra pas les infidélités dont son mari se rend coupable envers toi, sans brûler du desir de se venger, je la conseillerai, je lui en fournirai les moyens…, dans huit jours, je vois Tilson dans le tombeau de ses pères. — Ma sœur est vertueuse ; — elle est vindicative, son ame honnête n’enfanterait pas