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te propose que la place de celui qui doit l’assurer : tu seras notre conseil, notre appui, notre ministre, les proscriptions seront dictées, exécutées par toi : tu sens bien que ce poste exige du courage ; as-tu celui qu’il faut ? réponds sans te troubler. »

Madame, dis-je à la princesse, après quelques minutes de réflexions, avant que de penser à cet acte étonnant de puissance et d’autorité, vous êtes-vous assurée de la manière dont cette révolution sera regardée des puissances voisines ? Les Français, les Anglais, les Espagnols, les puissances du nord même, qui ne voyent en vous que des courtiers ou des marchands, y considéreront-ils de sang-froid, et des rivaux et des vainqueurs ? — Nous sommes surs de la France ; nous nous moquons à-peu-près du reste ; devenus souverains des Provinces-Unies, et nos armes portées dans les trois royaumes, nous les soumettrons peut-être bientôt. Tout frémit devant un peuple guerrier, le nôtre le sera ; il ne faut qu’un grand homme pour asservir le monde ; j’ai l’ame de ce grand homme, Frédéric sut me la donner : nous sommes las d’appartenir à qui voudra de nous, et de n’être, aux yeux de l’Europe,