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que. Princesse, répondis-je, de quel prix était-elle au duc d’Albe, quand il voulut soumettre ces provinces ?… Homme délicieux, dit cette femme ardente, telle est la réponse que je voulais de toi ; je compte sur ton courage, ajouta-t-elle, en me serrant la main, écoute ce qu’il me reste à te proposer.

» Nièce du héros de l’Europe, issue du sang d’un homme fait pour régner sur l’univers entier, j’apporte en ce pays son ame et sa vigueur ; je crois que tu dois voir, Borchamps, que je ne suis pas faite pour n’être que l’épouse d’un doge de république ; et ce peuple mou, mercantile et poltron, né pour porter des fers, doit s’honorer des miens. Je veux bien consentir à régner sur lui, mais il faut que le trône, élevé dans ces plaines humides, soit mouillé de ses pleurs et construit de son or. Cent bataillons armés assurent mon projet ; mon oncle les envoie, et je règne par eux. Cette révolution ne proscrit point la tête de mon époux ; il est digne de moi, et le sang du Batave, à grands flots répandu, cimentera le trône où je prétends l’asseoir. Ce n’est donc point le sceptre où j’aspire que je t’offre ; je ne