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sont aussi vigoureux que moi, il n’en est point de mieux membré, tout cela se paye, madame, au siècle ou nous vivons. Oh ! combien vous me mettez à mon aise, monsieur, me dit la princesse, j’aime bien mieux vous avoir à mes ordres, que d’être aux vôtres : tenez, continua-t-elle, en me donnant une fort grosse bourse d’or, souvenez-vous que j’ai maintenant le droit de vous faire servir à mes plus bisarres passions. J’en conviens, répondis-je. Vos dons m’enchaînent, et je suis tout à vous. Venez ce soir à ma maison de campagne, dit Sophie, venez-y seul, et surtout ne vous effrayez de rien. Quelque fût le trouble que ces dernières paroles eussent jeté dans mon ame, je résolus néanmoins de tout tenter, et pour connaître cette femme à fond, et pour en tirer encore de l’argent.

Je me rends donc seul, à l’heure et à la maison indiquées ; une vieille femme m’introduit silencieusement dans une pièce mystérieuse, dans laquelle me reçoit une jeune personne de dix-neuf ans, de la plus délicieuse physionomie ; la princesse va bientôt paraître, monsieur, me dit-elle du son de voix le plus doux et le plus flatteur ; je suis, en