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cet asile impénétrable du crime et de l’infamie.

Les cours du nord excitant ma curiosité, ce fut vers elles que je dirigeai mes pas ; celle de La Haye fut la première que je visitai. Il y avait peu de tems que le Stathouder venait d’épouser la princesse Sophie, nièce du roi de Prusse ; à peine eus-je vu cette charmante créature, que je desirai sa jouissance ; et je ne lui eus pas plutôt déclaré ma flamme que je la foutis. Sophie de Prusse avait alors dix-huit ans, la plus belle taille et la plus délicieuse figure qu’il fût possible de voir ; mais son libertinage était excessif, et ses débauches si connues, qu’elle ne trouvait déjà plus d’hommes que pour son argent. Promptement éclairé sur cet objet, je me fis valoir ; je voulais bien payer mes plaisirs, mais assez jeune, assez vigoureux pour que les femmes contribuassent aux frais de mes voyages, j’étais bien résolu à ne jamais accorder mes faveurs qu’à celles qui sauraient les apprécier. Madame, dis-je à la princesse, dès que je l’eus bien foutue pendant près d’un mois, je me flatte que vous saurez reconnaître l’épuisement où je me mets pour vous ; peu d’hommes, vous le voyez,