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cris que nous brûlons d’entendre, viennent enfin flatter nos oreilles… Nous étions là… en face ; nos valets nous socratisaient pendant l’opération ; tous nos sens étaient à-la-fois chatouillés du divin aspect de nos infamies. J’étais à côté de Clairwil, branlée par Auguste, la putain déchargeoit ; elle se pencha vers moi. Oh ! Juliette, s’écria-t-elle, en redoublant ses blasphêmes accoutumés… oh ! ma chère ame, que le crime est délicieux ; combien ses effets sont puissans !… qu’ils ont d’attraits sur une ame sensible !… et les hurlemens de Borghèse qui, de son côté, déchargeoit comme une Messaline, précipitèrent nos éjaculations et celles de nos gens nerveusement branlés par nous.

Nous n’employâmes le repos où cette agitation nous laissa, qu’à vérifier l’effet de nos crimes… Les putains expiraient, et la cruelle mort nous ôtait le plaisir de les tourmenter plus long-tems. Point satisfaites encore du mal que nous venions de faire, nous pillâmes et détruisîmes la maison. Il est des momens dans la vie où le desir de se vautrer dans le désordre est tel, qu’il n’est plus rien qui puisse satisfaire, et où les exécrations même les mieux prononcées, n’assouvissent