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tendre de sang froid, tout ce qu’on peut me dire sur ce phantôme déïfique, imaginé par les prêtres qui gagnaient à le desservir : son nom seul me fait frissonner d’horreur.

Dans toutes les contrées de la terre, dit Francaville, on nous annonce qu’un Dieu s’est révélé ; qu’a-t-il appris aux hommes ? Leur prouve-t-il évidemment qu’il existe ? leur enseigne-t-il ce qu’il est ?… en quoi son essence consiste ? Leur explique-t-il clairement ses intentions… ses plans… Ce qu’on nous assure qu’il a dit de ses plans, s’accorde-t-il avec les effets que nous voyons ? Non, sans doute ; il apprend seulement qu’il est celui qui est, qu’il est un Dieu caché ; que ses voies sont ineffables… qu’il entre en fureur dès qu’on a la témérité d’approfondir ses decrets, et de consulter la raison, pour juger de lui ou de ses ouvrages. La conduite révélée de cet infâme Dieu, répond-elle aux idées magnifiques qu’on voudrait nous donner de sa sagesse, de sa bonté… de sa justice… de sa bienfaisance, de son pouvoir suprême ? Nullement : par-tout, nous ne voyons en lui qu’un être partial, capricieux, méchant, tyrrannique, injuste, bon tout au plus pour un peuple qu’il favorise, en-