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le lendemain à Naples, à travers une foule de débris intéressans par leur antiquité, et de maisons de campagnes délicieuses par leur position.

Ferdinand avait envoyé savoir de nos nouvelles : nous fûmes lui rendre compte de la vive impression que les beautés des environs de sa capitale nous avaient fait ressentir ; il nous proposa de nous mener, quelques jours après, souper chez le prince de Francaville, le plus riche seigneur de Naples, et le plus bougre en même-tems. On n’imagine pas, nous dit le roi, les excès auxquels il se porte en ce genre : je lui ferai dire, poursuivit le monarque, de ne point se gêner pour nous, et que nous n’allons le voir que pour examiner philosophiquement ses débauches. Nous acceptâmes. La reine était avec nous. Rien n’égale, dans toute l’Italie, le luxe et la magnificence de Francaville ; il a tous les jours une table de soixante couverts, servie par deux cents domestiques, tous de la plus agréable figure, et tous aux ordres de sa sodomite luxure : le prince, pour nous recevoir, avait fait construire un temple à Priape, dans les bosquets de son jardin ; de mystérieuses allées d’orangers et de mirthes