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odieuse de l’immortalité de l’ame et sur la ridicule existence d’un Dieu ; il n’est pas de bêtise qu’elles n’aient révérées ; et vous savez mieux que moi, mes amies, que quand on examine un institution humaine, la première chose qu’on doit faire est d’écarter toute idée religieuse, comme le poison de la philosophie.

Je suis parfaitement de l’avis de notre compagne, dit Clairwil, mais une chose singulière, c’est qu’il ait existé des libertins qui se soient fait des passions de ce systême ; j’ai souvent vu un homme, à Paris, qui payait au poids de l’or, tous les cadavres de jeunes filles et de jeunes garçons, décédés d’une mort violente et fraîchement mis en terre : il se les faisait apporter chez lui et commettait une infinité d’horreurs sur ces corps frais. Il y a long-tems, dis-je, que l’on sait que la jouissance d’un individu récemment assassiné, est véritablement très-voluptueuse, le resserrement de l’anus y est, pour les hommes, infiniment plus entier. Il y a d’ailleurs, à cela, dit Clairwil, une sorte d’impiété imaginaire qui échauffe la tête, et je l’essayerais assurément si mon sexe ne s’y opposait pas. Cette fantaisie, doit mener au meurtre,