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temple de Pluton, forme là le point de vue le plus pittoresque qu’il y ait peut-être au monde ; nous parcourûmes ces ruines, cueillîmes des oranges, et regagnâmes Pouzzols, à travers les tombeaux encore existans des deux côtés de la célèbre Voie Appienne : nous ne pûmes là nous empêcher de nous récrier sur le respect ridicule que les Romains avaient pour les morts : assises toutes trois dans le tombeau de Faustine, Olimpe nous parla à-peu-près de la manière suivante.

Il y a deux choses que je n’ai jamais comprises, mes amies, nous dit cette femme aimable et spirituelle, le respect qu’on a pour les morts ; et celui qu’on a pour leurs volontés : assurément l’une et l’autre de ces superstitions tiennent aux idées qu’on a de l’immortalité de l’ame ; car si l’on était bien convaincu des principes du matérialisme, si l’on était bien persuadé que nous ne sommes qu’un triste composé d’élémens matériels, qu’une fois frappés de la mort, la dissolution est complète, assurément le respect rendu à des morceaux de matière désorganisée, deviendrait une absurdité si palpable, que personne ne voudrait l’adopter ; mais notre orgueil ne peut se plier à cette certi-