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gens à talens sont faits, c’est pour honorer et cultiver les arts, les encourager, servir la patrie quand il le faut, et ne sacrifier qu’à elle seule, le sang qui coule dans leurs veine : quand un homme de cet état a un ennemi qui lui est inférieur, qu’il le fasse assassiner ; telle est la seule manière de s’en débarasser, que la nature lui indique ; si celui qui l’a offensé est de son rang, que tous deux portent leurs plaintes à un tribunal doux, érigé pour cela, que les différends y soient jugés ; il n’y en a point, entre gens honnêtes, qui ne puissent s’arranger à l’amiable ; il faut que celui qui a tort, cède ; c’est la loi… mais du sang… du sang répandu pour un propos, une jalousie… une querelle… un persifflage… un reproche, c’est une absurdité révoltante ; le duel ne fut connu que quand les principes de l’honneur balancèrent ceux de la vengeance, et ne fut, par conséquent, admis que quand les hommes se policèrent. Jamais la nature ne grava au cœur de l’homme de risquer sa vie pour se venger d’une offense reçue, parce qu’il n’est nullement juste ni naturel de s’exposer à une seconde, parce qu’on en a reçu une première ; mais il est très-équitable, très-bien fait de laver la pre-