Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garder comme assez honnête, pour me mesurer avec lui : et pourquoi faut-il que je me mette dans le cas de doubler son injure, en me blessant ou me tuant, peut-être encore, après m’avoir insulté ? C’est à moi que la réparation est due, et pour la recevoir il faut que j’expose mes jours ! si je me comporte d’une manière différente, ou qu’en allant me battre avec cet homme, puisqu’il le faut absolument, je me plastronne, et me mette en un tel état de sûreté, qu’il n’ait que le soin de se défendre, et qu’il ne puisse songer à celui de m’insulter encore, si, dis-je, je me conduis ainsi, je serai traité de coquin : je crois qu’il est difficile de voir une logique plus au rebours du bons sens que celle-là.

Que celui qui a insulté se présente nud au combat, et que son adversaire vienne cuirassé ; voilà ce que dictent la raison et le bons sens. L’agresseur doit visiblement avoir un avantage de moins : il s’est mis dans le cas, en suivant les usages de toutes les autres nations de l’univers, de se faire assassiner par celui à qui il avoit manqué ; ainsi, tout ce que doivent au plus dicter les frivoles loix de l’honneur, dans une situa-