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que toi, à secouer ton joug imbécille, et ils le feront bientôt, sois-en sûr, si tu ne prends tous les moyens possibles pour les en empêcher. — J’ai des canons, des forteresses. — Et qui sert tout cela ? — Mon peuple. — Mais s’il se lasse de toi, il ne te servira plus. On tournera les canons contre ton château, on s’emparera de tes forteresses, et l’on te traînera peut-être dans la boue. — Vous m’effrayez, madame ! et que faudrait-il ?… je te l’ai dit : imite l’écuyer savant ; loin de tirer la bride à toi, quand le coursier se cabre, rends-lui doucement la main ; fais plus, coupe les rênes, et laisse-le se conduire à sa guise ; la nature, en disséminant les peuples sur la surface du globe, leur donna à tous le génie nécessaire pour se conduire ; mais ce ne fut jamais que dans sa colère, qu’elle leur suggéra l’idée de se donner des Rois : ceux-ci sont au corps politique, ce qu’est le médecin au corps matériel : on peut l’appeler quand on souffre[1] ; il faut lui fermer la porte, quand la santé

  1. Ce n’était que lorsque la patrie était en danger, que les Romains nommaient un Dictateur.