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malheureux, quand vous voudrez l’astraindre à d’autres. Laissez à l’homme outragé, le soin de se venger du tort qu’il a reçu, il y réussira toujours mieux, que ne font vos loix, car il y est plus intéressé qu’elles ; d’ailleurs, on échappe souvent à vos loix, et bien rarement à celui que poursuit notre juste vengeance.

Ma foi je n’entends pas grand chose à tout cela, me répondit ce gros benêt : je fouts ; je mange des macaronis, sans cuisinier ; je bâtis des maisons, sans architecte ; je recueille des médailles, sans antiquaire ; je joue au billard, comme un laquais ; je fais faire l’exercice à mes cadets, comme un sergent ; mais je ne parle ni politique, ni religion, ni mœurs, ni gouvernement, parce que je ne connais rien à tout cela. — Et le royaume ? — Va comme il peut. T’imagines-tu donc qu’il faille être si savant pour être Roi ? Tu me prouves que non, répondis-je, mais tout cela, sans me convaincre qu’il ne soit pas très nécessaire d’avoir de la raison et de la philosophie, pour conduire les hommes, et que, privé de l’un et de l’autre, on ne doit faire que des sottises qui doivent engager bien vîte les sujets d’un prince, tel